Du fret dans le RER
Personne ne me croira si je dis que la RATP ne s'est pas contentée de transporter des voyageurs. Et pourtant, ce fut vrai, notamment sur la ligne B. LE FRET SUR LA LIGNE DE SCEAUXCette dernière, du temps où elle s'appelait encore la ligne de Sceaux, vit son premier train de marchandises circuler le 4 septembre 1871. À Massy-Palaiseau, une grande gare d'échanges fut créée en 1883, à la faveur de l'arrivée de la Grande Ceinture, gare dont le rôle fut accru grâce à la création de la Grande Ceinture Stratégique (entre Valenton et Massy-Palaiseau) en 1886. Le transport de marchandises concernait les pavés extraits des carrières de la région d'Orsay, le charbon, les matériaux de construction, les productions agricoles, le fourrage pour les chevaux et le vin.
Lors de la modernisation de la ligne de Sceaux, une commande de sept locomotives électriques E 4900 fut passée en 1934 auprès de la Compagnie Générale de Construction (Saint-Denis), afin d'assurer ce service. Elles furent livrées le 20 janvier 1937 et mises en service le 18 janvier 1938, date de la cession de la section nord de la ligne (entre Luxembourg et Massy-Palaiseau, plus la branche de Robinson) à la CMP. Du fait de la suppression des débords de Montrouge, les E 4900 ne dépassaient pas Arcueil-Cachan au nord, les échanges de wagons se faisant sur le faisceau de Massy-Palaiseau. En mai 1940, elles prirent le relais de la traction vapeur sur la section sud de la ligne, exploitée par la SNCF, qui l'avait héritée du PO lors de la nationalisation de 1938. Les circulations se faisaient aux heures creuses: la CMP craignait, en effet, qu'une éventuelle détresse (les E 4900 ne possèdent qu'un équipement pour quatre moteurs et qu'un pantographe) ne perturbât le service voyageurs, ce qui justifiait le choix de les faire rouler en unités multiples par deux, et ce sur la section nord. Sur la section sud, en revanche, la SNCF ne voulant pas payer l'excédent d'effort de traction, une seule locomotive (notamment la E 4904) assurait le fret jusqu'à 350 t de charge remorquée. LE DÉCLIN DU TRAFIC MARCHANDISESLors de sa création, la RATP se chargea de poursuivre les tâches incombées à la CMP. À la fin des années 1940, trois trains réguliers parcouraient la ligne, desservant huit gares affectées au service marchandises, et ce jusqu'en 1971, année où le tonnage remorqué atteignit les 213054 t, année aussi où le service de messageries, assuré depuis 1938 (les automotrices Z comportaient, à l'origine, un compartiment postal à côté de celui des bagages), fut cédé au SERNAM. Depuis, le trafic marchandises commença de décroître, entraînant la fermeture progressive des gares et la diminution du nombre de trains réguliers: à titre d'exemple, le tonnage remorqué en 1975 fut de 73995 t seulement. Le 28 décembre 1984, la RATP assura son dernier train de marchandises avec ses E 4900: le 1er janvier suivant, en effet, par une nouvelle convention, la SNCF prenait la relève, un locotracteur Y 8000 succédant aux UM de E 4900. Une telle relève n'empêcha pas, pour autant, le déclin du trafic: en 1989, le tonnage remorqué n'était plus que de 1870 tonnes ! La décision fut donc sans appel: le 1er janvier 1990, le service marchandises fut purement et simplement supprimé sur toute la ligne.
De ce service, il ne reste que quelques voies de service, délaissées en dépit des caténaires toujours en place, qu'on peut admirer çà et là, notamment à Arcueil-Cachan et à Bourg-la-Reine. BIBLIOGRAPHIEGaston Jacobs, Les Automotrices Z, un demi-siècle au service de la ligne de Sceaux, La Vie du Rail, 1995.
Le RER, le réseau francilien, RATP, 2002 (texte de Jean Tricoire). |
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Article écrit par : Victor_BRITO Dernière mise-à-jour par : cr-corporation Dernière mise-à jour le : 01-03-2015 Nombre de vues : 33038
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